Alain Rivière, Grand-Père.


Tu vivais chez nous tout l'été,
Dans not' grand'maison du Loiret,
Tu avais ta chambre attitrée,
Près de nous au fond du palier,
Tu déjeunais l'matin au lit,
Et tu faisais seul ta toilette,
Tu descendais avant midi,
On t'entendait soudain paraître.

Pour pas qu'tu tombes en descendant,
Au devant de toi on allait,
Car avec deux cannes tu marchais,
Tes jambes raidies par le temps,
Tu n'avais plus qu'une dent de rien,
Pour manger tu coupais très fin,
Tu trempais ton pain dans ton vin,
Tu ne demandais jamais rien.

L'après-midi pour t'occuper,
Tu jouais avec nous tout l'été,
Aux cartes aux billes aux p'tites voitures,
C'était chaque jour une aventure,
Parfois le journal tu lisais,
Un peu la radio t'écoutais,
Aux conversations participais,
Mais ne réclamait rien jamais.

Le soir quand t'étais fatigué,
Tu montais seul te coucher,
On te suivait dans l'escalier,
Jusqu'à ta chambre sur le palier,
Et puis un jour de mois d'juillet,
Tu ne t'es jamais réveillé,
Tu es parti sans un adieu,
Loin là bas, très loin dans les cieux.

J'avais douze ans, je me souviens,
On t'accompagna au cimetière,
Maint'nant que ce souvenir me revient,
C'est à mon tour d'être Grand-Père.

(août 2000) Retour