Alain Rivière, Mai 68.

Avant ce mois de mai, j'vivais seul à Paris,
Je n'avais pas d'copains, encore moins de copines,
Seuls les gars du bureau, qui parfois m'invitaient,
J' préférais rester seul, car cela m'ennuyait.

J'habitais une mansarde, sans aucun confort,
On me coupait même l'eau, quand il f'sait froid dehors,
Je n'avais que quelques livres, pour passer mes soirées,
Et ma guitare pour chanter quelques couplets.

Bien souvent j'marchais seul dans les rues de Paris,
Ayant vécu vingt ans, dans ma province sans bruit,
Je découvrais la vie, lumière et liberté,
J'étais dans un grand rêve, j'étais émerveillé.

Malgré cette liberté, malgré cette nouvelle vie,
Peut-être remplie de rêve, mais aussi plein d'ennui,
Ou j' rêvais d'faire la fête, sans oser y entrer,
Il y'avait beaucoup de soirs où je m'faisais bien suer.

Et puis un jour de mai, tout s'est soudain stoppé,
Et chaque nuit Paris, s'est mise à s'enflammer,
Un matin les métros les bus n'sont pas sortis,
De véhicules bruyants, Paris fut envahie.

J'ai rencontré Mireille, le premier jour d'cette grève,
De la Porte des Lilas à la Porte d'Asnière,
Lassée de marcher seule, elle se mit à faire signe,
Je lui offris une place, dans ma petite Dauphine.

Et pendant tout c'mois d'mai, qu'a duré cette bataille,
On s'est organisé pour se rendre au travail,
Chaqu' jour on recommençait à se bousculer,
Mais chaqu'soir se terminait sur une nouvelle fête.

Excuse-nous Cohn-Bendit, de t'avoir ignoré,
En ne pensant qu'à nous, de t'avoir évité,
J'métais fais une copine, j'l'ai plus jamais quittée,
Ce mois d'mai soixante-huit,ma vie a bien changé.

Et même après trente ans, d'vie en communauté,
Quand j'pense à ce mois de mai, je n'pense pas aux pavés,
Je ne pense qu'à Mireille, et l'bon temps qu'on a pris,
C'est l'seul souvenir que j'ai, du mois d'mai soixante-huit

(mai 1998) Retour